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«J’ai l’impression que mon enfant ne veut pas me parler »

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En discutant avec un papa de l’école, j’apprends que mon fils de 10 ans a des histoires avec ses copains. Je me sens inquiète...

 

 

   

Aussitôt j’entends ma petite voix intérieure qui commence à s’agiter.

Il ne m’en a pas parlé.
Ca doit être grave.
Mon fils est-il rejeté ?
Il doit être triste.
Il faut que je l’aide.
Pourvu qu’il ne soit pas harcelé.
C’est quels copains ?
Est-ce que la maitresse a vu quelque chose ?…
Bref… J’ai envie de régler vite, très vite, ce problème.

Après un discours général sur les relations entre amis, conseils à la clé (après tout, j’ai l’expérience non?), je me pose près de lui et je le questionne : « Tu es sûr que tu n’as rien à me raconter? Tout va bien à l’école? »

 

Pas de réponse.

 

J’avoue que je commence à être agacée et je finis par lui dire que je suis au courant.
Ignorant ses yeux levés au ciel, je lui délivre les solutions qui me semblent appropriées pour régler son problème (après tout je le connais par coeur, non?).

Et voilà qu’il se lève, m’annonce qu’il ne veut pas en parler et quitte la pièce.

Je me sens démunie.
Pourquoi mon fils refuse-t-il le dialogue ?
Alors que je suis tellement prête, moi, à l’écouter !

 

J’appelle une amie qui m’écoute et conclue que si quelqu’un avait insisté comme ça avec elle, elle aurait probablement eu l’impression que la personne voulait la mener quelque part et lui imposer SA vision sans tenir compte de la sienne.

Pourtant, j’avais clairement une bonne intention !
Comment faire ?
Je raccroche.

 

Comme si le fait d’avoir été moi-même écoutée me libérait soudain, je me rappelle la notion d’écoute active abordée lors de l’un des ateliers Faber et Mazlish.

C’est une façon particulière, peu habituelle, d’écouter.

L’idée est d’être présente sans rien attendre de lui, de laisser la porte ouverte.

Je décide d’utiliser les outils évoqués lors de l’atelier pour écouter mon fils autrement.

Je commence par débrancher ma radio mentale (ce que je me raconte, ce que mon fils devrait faire, ce que j’imagine, ce que je crois qui est vrai ou pas…)

 

J’attends le moment du dîner. Je me surprends à vérifier dans mon corps si je suis suffisamment détendue avant d’aller vers lui et je me lance :

« C’est difficile parfois de parler, je vois que tu n’as peut-être pas envie là de parler. J’aimerais te dire que je suis là pour toi, que je suis présente, que je vais essayer de t’écouter vraiment, que certes, c’est inconfortable ton silence pour moi et qu’en même temps, c’est OK, tu as le droit de rester silencieux, je respecte ça.”

 

Mon pari : quand je ne suis plus en exigence, mon fils peut prendre la LIBERTE de me parler… ou pas !

Il n’y a pas de garantie. Dans cette posture d’écoute, j’augmente simplement mes chances.

Je me tais, j’attends (en essayant de ne pas attendre), je me concentre sur le contenu de mon assiette.

 

Intérieurement, je me parle « Rappelle toi. Ton fils a le droit de ne pas avoir envie de parler, ne force pas l’écoute (dur !).
Peut-être même a-t-il préféré en parler à quelqu’un d’autre (gloups !) »

Quand soudain, tout en se servant un verre d’eau, il me lâche quelques brides de ce qui s’est passé.

Ce n’est pas très clair mais je me retiens de l’interrompre.

Surtout, surtout, le laisser s’exprimer en évitant les commentaires, quitte à laisser de longs silences s’installer. Je me contente de ponctuer ce qu’il dit de simples : « hum » ; « je vois » ; « ah »…

Son récit se clarifie. Il m’explique en quelques mots le conflit qui l’oppose depuis une semaine à ses deux meilleurs amis.

 

Je suis soulagée !

 

D’abord, je me rends compte que c’était bien moins important pour lui que ce que j’avais imaginé !
Et, cerise sur le gâteau, il a trouvé SA solution : jouer quelque temps avec d’autres amis. Il en est ravi car il a découvert une passion commune avec l’un d’eux et souhaite l’inviter à la maison.

Je réalise ensuite que mon fils a des ressources et la capacité de penser par lui-même et de se protéger lui-même, ce qui me rassure au-delà de cet épisode.
Je n’en aurais probablement pas pris conscience si j’en étais restée à mes façons habituelles de faire !

Je suis tellement joyeuse d’avoir fait autrement. Ca me libère d’un poids.
Ce bon coup me booste pour continuer.
Je sais que ce sera avec plus ou moins de succès, en fonction des situations et de mes limites du moment, qui sont parfois très basses et parfois au top.

 

Voici quelques outils à mettre à votre sauce :

• Ecouter avec toute notre attention (posture physique, regard)
• Se contenter de mots comme « hum » « je vois » « ah »…
• Refléter, nommer le sentiment « Tu as l’air fâché. » « Tu préfères ne rien dire. »
• Parler de vos sentiments à vous (sans attaquer l’enfant), message où vous utilisez le « JE »

 

Dans mon expérience, les outils de l’approche Faber et Mazlish ont été des soutiens concrets pour faire évoluer mes habitudes de fonctionnement, mes certitudes, pour me concentrer avant tout sur la relation AVEC mon enfant, pour apprendre à coopérer AVEC lui, chercher ensemble des solutions et l’accompagner pour que le plus souvent, il trouve LUI-MEME ses solutions.

 

C’est un chemin d’autonomie (et donc de liberté).

C’est lâcher le but souvent pour se concentrer sur la qualité de la relation et prendre conscience que tous ces outils AUGMENTENT mes chances justement d’atteindre mon but.

Ça demande, comme tout apprentissage, de la répétition, de la pratique et de la persévérance, c’est difficile parfois, et imparfait car on apprend, justement.

 

En même temps, je trouve que ça vaut le coup. Car c’est aussi et surtout de la détente, de l’apaisement, de la joie, de la découverte et de la gratitude.

Ca vous tente ?

 

Signature : 

par Karine Bodaghi
Facilitatrice en communication adultes-enfants
Animatrice et conférencière Faber et Mazlish
karine@communiquer-autrement.com

Page Facebook : Karine Communiquer-Autrement

Pour aller plus loin:
site : communiquer-autrement.com

 

Mars 2018

 

Photo de Toa Heftiba / Unsplash

 

 

 

 

 

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