Positif ou laxiste ?

Un sujet est très à la mode ces temps-ci, c’est celui de la « discipline positive » « gentle parenting » et autres considérations nouvelles sur l’éducation.

 

On entend qu’il ne faut pas punir, pas contrarier, pas contredire nos enfants… Et les règles dans tout cela ? Le cadre ? Les limites ?

 

J’aime comparer l’éducation à la dyade Loi/Police. Ainsi, la loi est essentielle à toute société. La loi est aussi un élément nécessaire à l’éducation et à la vie familiale.

Sans loi, pas de vie en communauté, pas de respect possible des uns et des autres. Les lois que vous appliquez, je l’espère, sont claires dans vos têtes.

J’espère surtout qu’elles sont en accord avec les principes sociétaux mais surtout en accord avec les capacités de vos enfants. Vous n’attendez pas qu’un enfant de 1 an et demi sache manger proprement, mais à 6 ans c’est une règle acquise.
Nous transmettons parfois à nos enfants des lois sans y avoir réfléchi, par la simple imitation de nos parents. Quand on est parents, il est toujours bon de prendre le temps de réfléchir, de prendre du recul sur ce que nous faisons.

Si certaines de vos lois ne sont jamais respectées, peut être que vous avez dans votre maison un révolutionnaire, peut être que vos méthodes policières ne marchent pas, mais surtout, peut être que votre loi n’est pas claire ou peu adaptée.

La première façon de régler un conflit récurrent est de questionner la loi.

 

Ma règle est-elle essentielle ? Demandez-vous ce que comporte la règle comme apprentissage sous-jacent. Si la règle est « on enlève ses chaussures en entrant dans la maison », très bien, mais pourquoi ? Pour qui ?

Demander à l’enfant de faire une action pour elle-même est assez pauvre de sens et n’aura pas autant d’impact à long terme que vous l’espérez. Si vous-même êtes clairs sur le pourquoi de vos règles, alors le message de valeurs qui les sous tends prendra effet : on enlève ses chaussures pour respecter le lieu de vie de tous, on enlève ses chaussures pour respecter celui qui a lavé le sol.

Ma règle est-elle réalisable facilement ? Vos enfants veulent bien faire et vous satisfaire. Mais il faut aussi leur laisser l’espace et la possibilité physique de le faire. Ont-ils des chaussures faciles à enlever ?

Ont-ils un temps de battement en arrivant à la maison pour s’en souvenir seul ? Ont-ils un lieu précis pour mettre leurs chaussures ? Ont-ils à disposition des chaussons pour marquer la différence chaussures/chaussons ?

Ma règle est-elle adoptée ? Avez-vous des attentes adaptées, stables dans le temps, connues de tous ? Votre enfant est-il capable de suivre la Loi, est-il capable de s’en souvenir au moment où il doit la suivre. « On enlève ses chaussures en entrant dans la maison », à deux ans on lui apprend, à trois ans on doit lui rappeler chaque jour, à quatre ans on lui rappelle quand il oublie et à six ans on peut penser qu’il doit être capable de s’en souvenir. Penser qu’un enfant de trois ans doit se souvenir de la Loi qu’il doit suivre seulement une fois par jour est en désaccord avec ses capacités intellectuelles.

Vous lui demandez un effort trop important, le mettant ainsi régulièrement en situation d’échec, de conflit avec vous.

 

Je vous propose aussi de choisir vos « batailles ». Commencer par renforcer les règles qui vous paraissent essentielles. Et abandonner les règles qui sont peu en lien avec vos valeurs. Pourquoi ne doit-on pas chanter à table ? Si cette règle n’a plus de sens quand vous y réfléchissez, abandonner là.

L’éducation positive est surtout un choix de « police ». En effet, maintenant que vos « lois » sont claires, adaptées et connues de tous, c’est à vous de décider si votre police est punitive (après l’action et comportant un élément punitif physique, verbal, psychologique) ou préventive et explicative.

Ainsi, l’éducation positive permet de mettre en place des méthodes pédagogiques éducatives stables d’explication à l’enfant, de renforcement des règles par la discussion, la répétition, la participation, l’évitement de punition qui crée chez l’enfant des sentiments négatifs sources de comportements contre-productifs.

 

 

La grande ligne de l’éducation positive est de tenter de comprendre comment nous pouvons faire intégrer à nos enfants les lois, de façon permanente, autonome et respectueuse.

Une bonne question à se poser est : parlerais/ferais-je ceci à un adulte ? Des violences physiques (fessée, tape sur la main…), des violences verbales (insultes, cris…) ou des violences psychologiques (isolement, honte…) ne vous semblent pas acceptables envers un adulte. Il semble évident que ces méthodes ne seraient pas efficaces sur le long terme. Nous voulons que nos enfants comprennent les règles de façon profonde et autonome mais pas qu’ils les respectent par simple peur de la réprimande. Et c’est en les écoutants et en leur apprenant à écouter que nous y arriverons.

– Prenez le temps de faire avec l’enfant. Asseyez-vous par terre avec lui en rentrant de l’école pour enlever les chaussures.
– Passer par le jeu : qui y arrivera la plus vite ? qui y arrivera les yeux fermés ?
– Proposez la coopération : j’enlève tes chaussures et tu enlèves les miennes ?
– Restez calme. Vous n’avez pas besoin d’élever la voix ou d’être physique. En étant patient et en ne lâchant rien, votre enfant comprendra qu’il n’a pas le choix.
– Reconnaissez son sentiment s’il s’énerve : « je sais que tu veux aller jouer, je comprends que tu sois frustré mais dans cette maison on joue sans chaussures »
– Accédez à ses désirs : un enfant a parfois du mal à temporiser, il veut aller goûter et enlever ses chaussures semble retarder ce plaisir énormément. Rappelez-lui qu’il aura bien sûr ce qu’il désire, après s’être plié à la règle.
– Eviter les punitions, les cris, les violences, les jugements de valeurs « tu n’es pas gentil »…

 

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Aude Mouton, Londres, février 2017
Directrice du centre Cogito’Z Londres

www.cogitoz.com

 

 

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