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Mon enfant est agressif

enfant agressif aveLa violence est une manière d'extérioriser un sentiment impossible à maîtriser. Nous parlerons dans ce premier article de l'enfant de 0 à 3 ans.


 

Pourquoi la violence ?

La violence est une manière d’extérioriser un sentiment impossible à maîtriser. Une émotion vive, un sentiment qui dérange, peut provoquer une réaction violente chez tout humain mais particulièrement chez l’enfant.

Il existe cependant, une façon acceptable et positive d’évacuer ses sentiments intenses: le langage.

Le langage nous donne accès à la symbolisation, la compréhension subtile des choses, l’explication, la symbolisation. Le langage nous permet de comprendre nos sentiments, de les expliquer et, ainsi, de les vivre plus sereinement.

Un enfant de 0 à 3 ans n’a tout simplement pas accès au langage dans toute sa profondeur. Il n’a pas les capacités intellectuelles pour réfléchir sur lui-même et comprendre les émotions qu’il vit. Il est pure émotion, il vit dans l’instant présent où son expérience est une vérité de toute éternité.

 

Des solutions qui n’en sont pas

Lorsqu’apparaît la violence chez un enfant si petit, la seule solution adaptée est la patience, la compréhension, l’amour.

 

Imaginez-vous un instant que vous perdiez le langage, la capacité de communiquer : on vous prend alors en charge et de jour en jour, les personnes qui vous aiment vous créent un planning (quand sortir, quoi manger, quelles activités faire, avec qui, quand dormir…). Un jour où vous voulez manger et non boire, dormir et non jouer, être seul et non entouré, vous jetez votre verre à terre de frustration quand personne ne comprend ce que vous voulez vraiment.

Voudriez-vous un câlin de vos proches, qu’ils vous serrent fort en vous disant qu’ils ne comprennent pas ce que vous voulez mais qu’ils comprennent votre ressenti? Ou préférez-vous être envoyé au coin pour “réfléchir un peu” sur ce que vous venez de faire? Ou pire, qu’on vous tape la main, le visage, les fesses car vous avez été une “méchante personne”?

Un enfant de moins de trois ans n’est pas capable de comprendre le fait “d’être mis au coin”. Vous obtenez peut être un résultat mais c’est un résultat fictif où l’enfant apprend à taire ses sentiments, à se culpabiliser. Ce n’est pas un résultat à long terme où l’enfant apprend à reconnaître et valider ses sentiments pour plus tard les contrôler de façon adéquate et intelligente.

Taper un enfant qui tape est la pire des solutions que vous pouvez mettre en place. Non seulement l’enfant n’apprend rien mais en plus, vous lui montrez avec vos gestes ce que vous lui interdisez par votre parole.

 

Quelles solutions à long terme ?

Mais alors que faire?

Vous avez été éduqué ainsi, vos amis tapent la main de leurs enfants, vous-même voulez mettre un terme à la violence que vous observer et/ou recevez.

Rappelez-vous ce que vous voulez vraiment : voulez-vous qu’il change un comportement au plus vite ou voulez-vous qu’il tire une leçon profonde, qui le soutienne dans son développement psycho-affectif ?

Etes-vous gêné socialement d’un comportement perçu comme « inacceptable » alors que tous les enfants le font ou êtes-vous triste de voir votre enfant incapable de s’exprimer de façon sereine ?

 

– La première étape est de comprendre pourquoi. Si votre enfant est violent, souvenez-vous: il exprime un sentiment trop fort et il doit l’évacuer. Ne négligez pas non plus les situations dans lesquelles ces événements arrivent: avant le déjeuner quand il a faim? Avant la sieste quand il a sommeil? Après une longue journée très active? Quand il a beaucoup regardé la TV? Quand il comprend qu’un autre bébé arrive? Où que son copain préféré vient de partir? Evitez de mettre votre enfant dans une situation qui le mettra en échec. Il vaut mieux louper l’activité du jour et garder une ambiance calme et détendue que de courir et de créer une situation de stress, source de conflit.

 

– Ensuite, protégez- le de ses propres impulsions. Vous pouvez lui tenir les mains et lui dire “on ne tape pas, ça fait mal. Même si on est en colère, on ne tape pas.” Garder un ton calme. Un ton excité, un cri, peut être interprété comme une réaction de jeu. Mettez vous à distance pour éviter les coups. Un enfant qui vous tape se sent aussitôt mal à l’aise et coupable. Ceci explique le petit rire qui suit parfois le coup: une autre façon “inappropriée” d’extérioriser un sentiment fort de gène. L’enfant se sent coupable et mal de vous avoir tapé. Vous pouvez, en lui tenant les mains, l’aider à réparer son geste en lui montrant comment vous caresser. Vous verrez que très rapidement il le fera de lui même.

 

– Donnez lui LE DROIT de vivre son sentiment. Vous pouvez lui dire que vous comprenez qu’il vit sûrement un sentiment très fort. Avec le temps vous parviendrez à faire la différence entre la frustration, la colère, la vengeance, la tristesse, l’anxiété ou même le trop plein de joie et d’excitation et vous pourrez lui dire “Je sais que tu es frustré! Tu voulais tellement jouer avec ce stylo qui n’est pas pour toi” tout en lui faisant un câlin. Vous recevez son sentiment, vous l’acceptez et lui donnez un nom. Vous le contenez et lui apportez du soutien dans son vécu: il apprend que son sentiment est acceptable, qu’il est compris et que seule son action est à changer.

 

– Enfin, évitez toute culpabilité. Dites a votre enfant que vous l’aimez quoiqu’il fasse, quoiqu’il dise, quoiqu’il pense. Il est une personne exceptionnelle et vous l’aimez tel qu’il est. Votre enfant n’est pas “méchant”, “mal poli” ou “mauvais” : il est humain.

 

L’importance des limites

Il est bien sûr important de rappeler qu’il essentiel de poser des limites et des règles dans l’éducation. Accepter la violence pour ce qu’elle vient exprimer ne veut pas dire l’accepter.

Un enfant a besoin de se sentir en confiance dans un lieu qui le cadre, le guide, le protège. Ne confondons pas la loi et la façon de faire appliquer la loi. Il est interdit de taper, par contre, la façon dont est gérée la transgression joue un rôle crucial dans le développement de l’enfant.

 

En conclusion

Un enfant qui tape vient par là exprimer un sentiment intense. Votre réaction doit à la fois imposer une limite et reconnaître le bien fondé du sentiment.

Vous chercher à réprimander l’acte, pas l’émotion ou la personne.

 

 

Aude Mouton, 18 fevrier 2015

Psychologue clinicienne au lycée français de Londres et à la maison médicale

Contact : psychologue.mouton@gmail.com

www.psycholondres.com

 

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