Le Royaume-Uni touché par la phobie des maths ?

L’étude Pisa (OCDE) sortie en février dernier classe l’Angleterre au plus bas niveau des pays développés pour l'alphabétisation, et le deuxième le plus bas pour le calcul

 

Dans quelle mesure les jeunes sont-ils préparés aux défis actuels et futurs de leur vie privée et professionnelle et à l‘apprentissage tout au long de la vie ? A quel point les différents systèmes éducatifs sont-ils efficaces et équitables ?

Quelle est l‘évolution des compétences des élèves de 15 ans, des systèmes éducatifs et de l‘environnement scolaire au fil du temps ?

Voilà ce à quoi tente de répondre l‘Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), par une évaluation tous les trois ans et une comparaison internationale des compétences essentielles des élèves de 15 ans dans les domaines de la lecture, des mathématiques et des sciences naturelles.

L‘objectif poursuivi par le rapport PISA (Programme for International Student Assessment) ne consiste pas à simplement faire reproduire par les jeunes les connaissances acquises à l‘école, mais aussi à analyser dans quelle mesure ils sont à même d‘appliquer leurs connaissances et compétences à des questions ou situations pratiques.

Les derniers résultats de Pisa font l’effet d’une bombe au Royaume-Uni. Ils révèlent que les jeunes y ont bien du mal à lire et à compter correctement…

 

Record en matière d’illettrisme et lacunes graves en mathématiques

L’enquête de l’OCDE classe le Royaume-Uni en queue de peloton des pays développés pour la classe d’âge des 16-19 ans : au 22e rang sur 23 pour la lecture et au 23e rang pour le calcul, loin derrière le Japon, les Pays-Bas ou la Corée du Sud, en tête dans les deux matières.

Elle souligne que 7 % des jeunes Britanniques diplômés ont des compétences en calcul inférieures au niveau 2, considéré comme le minimum indispensable pour se débrouiller dans la vie quotidienne, et que 3,4 % ne dépassent pas ce niveau en lecture.

Le rapport constate également que l’Angleterre a trois fois plus de personnes peu qualifiées parmi les personnes âgées de 16-19 que les pays les plus performants, comme la Finlande, le Japon, la Corée et les Pays-Bas.

Une personne sur dix de tous les diplômés universitaires anglais ont de faibles compétences en Anglais et en mathématiques.

 

A qui la faute ?

Pour expliquer ces très mauvais résultats dans la presse anglaise, le Times donne la parole à Alan Smithers, directeur du Centre pour l’éducation et l’emploi de l’université de Buckingham, qui met en cause les méthodes pédagogiques.

“En Angleterre, l’école a été gâchée par les principes de l’éducation progressive (pédagogie qui prône la participation active des élèves plutôt que l’apprentissage passif), soutient-il.

L’ancienne génération a appris sérieusement l’anglais et les maths, puis la pédagogie progressive a pris le dessus et les compétences de base des enfants ont baissé.”

L’hebdomadaire The Spectator souligne que le pays a adopté ces dernières années un ensemble de mesures visant à remédier aux “faiblesses” de son système éducatif pour les jeunes de 16 à 18 ans, comme le reconnaît d’ailleurs l’OCDE.

Ces réformes, entreprises à partir de 2010, ont renforcé l’enseignement des maths et de la lecture et rendu obligatoire la scolarité jusqu’à 18 ans.

Le rapport Pisa 2016 montre finalement selon l’auteur les fruits des politiques éducatives anciennes sans considération -faute de recul- des efforts entrepris depuis 2010.

Autre argument évoqué cette fois dans le Financial Times par Bronwen Maddox, il existerait au Royaume Uni une véritable « phobie des maths » qu’il serait temps de faire cesser en prônant pour le retour d’enseignements adaptés. Finalement, tous les acteurs reconnaissent que le pays souffre d’un manque cruel de professeurs d’Anglais et de mathématiques.

Le Royaume-Uni a sans doute besoin de 10 000 ou 20 000 instituteurs supplémentaires, concluait d’ailleurs Bronwen Maddox dans son article, tout en réaffirmant que “le problème est culturel” et que ce dont les Britanniques ont besoin, c’est de “changer de culture”…

L’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs assurément.

 

Sabine Cros-Scherer

 

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